Téléchargez notre article au format pdf
Lien vers article de l'Union
À l’issue d’une audience particulièrement indécise et cinq heures de délibéré, la responsabilité de Sidi Békaye Fofana dans la mort de Medhi Boudraa a été reconnue par les jurés. En revanche, ceux-ci n’ont pas acquis l’intime conviction de sa volonté de tuer la victime, âgée de 19 ans. Voilà près de six ans que Fofana, robuste gaillard de 28 ans, était pourtant mis en examen pour « meurtre ».

Hier, ce titulaire d’un master en ingénierie financière, arrivé du Mali pour suivre des études supérieures, a été reconnu coupable de « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner » et condamné à six ans d’emprisonnement. La veille, l’avocat général avait, pour le même chef d’accusation, requis le double, non loin du maximum légal – quinze ans de réclusion. Rendu dans une salle comble et en présence d’une forte présence policière, ce verdict a été accueilli avec détresse et colère par les parties civiles et leurs proches, convaincus depuis six ans du scénario du meurtre, encore développé par leurs avocats lors des plaidoiries. Aucun débordement n’a toutefois été constaté.
Fofana a renouvelé ses condoléances «à la malheureuse victime»
Si les avocats de la défense avaient de leur côté fait le choix de plaider l’acquittement, espérant exploiter au mieux la spectaculaire divergence apparue mardi entre les deux experts légistes, dans l’incapacité de s’accorder sur les causes de la mort de Mehdi Boudraa, ce verdict ne peut qu’apparaître satisfaisant à leurs yeux. Reste à voir si le parquet général, poussé en ce sens par les parties civiles, fera au cours des prochains jours appel de la décision rendue.
Invité hier matin à prendre une dernière fois la parole avant que les jurés ne se retirent, Fofana avait « renouvelé (ses) condoléances à la malheureuse victime », contre qui, dans la nuit du 1er au 2 mai 2017, il s’était retrouvé à se battre à l’issue d’une soirée longtemps passée dans « la bonne ambiance » et les vapeurs de cannabis. Avant que la violence ne s’invite à la suite d’un pari à dix euros, lancé pour une ultime partie du jeu vidéo Fifa perdue par la victime, laquelle s’était mis en tête, selon Fofana, de récupérer sa mise. En voulant « maîtriser » Mehdi Boudraa, Fofana, plus costaud et au sol avec lui, l’avait, dans un second temps, étranglé, mortellement et accidentellement.
Un an de sursis pour deux autres accusés, le troisième acquitté
Dans le box des accusés, Fofana n’était pas seul. Ibrahim T., un ami malien, Léa S., alors petite amie de Fofana et Christopher Y., qui avait invité Mehdi Boudraa à ce qui fut sa dernière soirée, étaient tous les trois poursuivis pour les délits de « non-assistance à personne en danger » et « modification de scène de crime ». Du second, ils furent tous acquittés. Reconnus coupables du premier, Léa S. et Ibrahim T., ont été condamnés à un an de prison avec sursis.
Christopher Y., lui, a été intégralement acquitté des faits reprochés. Le soir des faits, il avait, paniqué, tenté de réanimer la victime, finalement laissée sur un trottoir. Puis il avait appelé les pompiers sans cacher son identité avant de les attendre, aux côtés de la victime. Puis, le premier, il avait raconté aux policiers cette « tragédie ». « J’espère que le temps apaisera nos cœurs », a-t-il souhaité, hier matin, en regardant la famille Boudraa.
ANNE-CLAIRE MOSER-LEBRUN / Avocate : EN SAVOIR +
ARTHUR DE LA ROCHE / Avocat : EN SAVOIR +