Reims : au procès en appel d’un go-fast, défense et accusation campent sur leurs positions

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En janvier, l’affaire d’une saisie record de cannabis aboutissait à dix condamnations. Six hommes ont fait appel. Jeudi, les avocats de cinq d’entre eux ont plaidé la relaxe. Délibéré le 13 novembre.

LES FAITS

Le 13 mars 2017, le GIGN interpellait un homme au volant d’un fourgon contenant 324 kilos de cannabis. La plus grosse saisie de drogue à Reims depuis un quart de siècle.

Cette interpellation était suivie de plusieurs autres. La dernière, en janvier 2018, concernait un homme présenté par les enquêteurs comme la tête de réseau.

En janvier 2019, le procès en première instance avait abouti à dix condamnations. Six des dix prévenus, dont la tête de réseau condamné à dix ans de prison, faisaient appel de ce jugement.

Leur procès en appel, prévu sur deux jours, s’est achevé hier.

Il est acté depuis longtemps que tout, sur le fond comme sur la forme de ce volumineux dossier, serait sujet d’affrontement entre l’accusation et la défense. Mercredi, la première journée d’audience a permis aux deux camps de fixer le rapport de forces, inchangé depuis le premier procès qui s’était tenu en janvier devant le tribunal correctionnel.

La journée d’hier fut consacrée aux plaidoiries et réquisitions. L’avocat général Jacques Louvier fut le premier à se lever. « C’est toujours une question difficile de savoir quand il faut s’arrêter lorsqu’on enquête sur un trafic de stupéfiants. On peut toujours continuer, obtenir de nouveaux éléments mais à un moment, il faut bien arrêter. » Manière de répondre aux avocats de la défense qui, la veille, avait dézingué la procédure. « Durant la longue enquête préliminaire qui fut menée, les gendarmes ont passé des nuits à suivre ceux que vous jugez aujourd’hui. Que ceux-ci disent aujourd’hui “je n’y étais” pas ne suffit pas. Monsieur Zakarya El Ghorfi (considéré comme la tête de réseau par les enquêteurs, NDLR) nous dit qu’il y a un complot contre lui mais je crois que le seul complot dans cette histoire est celui qu’il a initié. »

Avant de dérouler le fil, mis en cause par mis en cause. « Pour le premier, Paul Klatt (visé par un mandat d’arrêt depuis sa condamnation à sept ans de prison en janvier, NDLR), c’est le plus simple puisqu’on a le “flag” du 13 mars 2017 (lorsque le GIGN l’a interpellé dans un fourgon avec 324 kilos de cannabis, NDLR). L’enquête a parfaitement établi que ce voyage n’était pas un “one shot”. »

L’avocat général a requis la confirmation des condamnations du jugement de janvier

Au moment d’évoquer la tête de réseau présumée, condamnée à dix ans de prison en janvier, l’avocat général énumère « des éléments pertinents qui font sens, surtout si on les associe », et souffle de sa voix douce : « Quelqu’un qui paie tout en liquide est quelqu’un qui veut être sous les radars, ne veut pas être traçable, non ? » Avant de demander « la confirmation des condamnations » prononcées par le tribunal correctionnel à l’encontre des six prévenus. Les bancs de la défense trépignent, impatients de lancer la contre-offensive. Comme lors du premier procès, tous plaident la relaxe – hormis, bien sûr, les avocats de Paul Klatt.

Parmi ces prévenus, l’un « fait tache », selon le mot de l’avocat général car « il n’a pas le même profil que les autres ». Salarié, père de famille et sans antécédent judiciaire jusqu’à être condamné en janvier à un an de prison avec sursis pour recel, cet homme à la barbe finement taillée a tenu à faire appel. « Il est là pour que son honneur soit lavé, plaide son avocate. L’idée qu’il soit reconnu coupable alors qu’il n’est pour rien dans toute cette affaire lui est insupportable. L’innocence n’a pas de prix ! »

Délibéré le 13 novembre.

THIERRY PELLETIER / Avocat : EN SAVOIR +